Les aventures de tristeSir

Une migraine tambourinant ses tempes, Ereb se releva tant bien que mal. Il s'agrippa aux barreaux pour aider ses jambes flageolantes à retrouver un peu d'équilibre. Sa joue plaquée contre le fer froid, épuisé, le dos endolori, les paupières lourdes de fatigue, il laissa échapper un grognement confus. Sa bouche pâteuse le dérangeait et il avait beau déglutir et humecter ses lèvres rien n'y changeait. Il resta piteusement affalé contre sa cage, debout, pendant un temps. Peu à peu les souvenirs affluèrent. Le visage d'Ereb prirent un air soucieux. Soudain, ses pensées brumeuses s'éclaircirent d'un coup, l'horreur le saisit jusque dans la chair et le tieffelin bondit furieusement sur place comme mordu par une bête invisible.

Il tourna frénétiquement en rond dans sa cage, affolé, terrorisé, mortifié par le constat de sa situation pour le moins désastreuse. Quelle poisse, alors qu'il était à un cheveu de subtiliser le peigne! Sa phénoménale imitation de chat écrasé n'avait pas convaincu le garde bien trop malin pour ce subterfuge. Ce sera la dernière fois que Tristesir utilisera cette combine. Il regrette même de ne pas avoir tenté la fuite.

Une fois réveillé et les idées claires, le barde essaya de passer à travers les barreaux. Tentative vaine mais il força tout de même son bras et son épaule, jusqu'à ressentir une vive douleur dans cette dernière. Puis il se mit à crier :

-Laissez moi sortir! S'il vous plais! Je ne recommencerai pas je vous le jure, laissez moi!

Sa voix s'étouffa dans un sanglot. Il frotta ses yeux rouges et gonflés, à bout de nerf. Il grogna, maudissant cette pimpêche de De jolie cœur et son peigne à la noix.

*Quelle peste, quelle peste, quelle peste! La jolie semi-drow avait raison : c'est qu'une petite poule de luxe stupide et méchante, aussi cruelle qu'elle est jolie. En plus elle chante dans un concours truqué où on lui offre la victoire sur un plateau d'argent uniquement pour ses beaux yeux. Aucun mérite, aucune classe, rien qu'une poupée capricieuse sans scrupules!*

Plus il pensait à son doux visage, plus les traits d'Ereb se déformaient en une grimace haineuse. Alors qu'il ruminait, il jeta un oeil aux autres cages.

*Bon. Suis-je seul dans le pétrin où bien aurai-je des compagnons d'évasions?*

Sur ces dernières pensées, il examina les cages voisines, à l'affut d'un signe de vie. Hors de question de croupir ici. Il lui fallait un plan et idéalement des complices. Ereb Tristesir ne finira pas pendu! Il aura une belle mort digne d'un aventurier, dévoré par un monstre ou écrasé par un piège dans un temple secret! A la limite, assassiné par un chasseur de prime, il pourrait se faire à l'idée. Mais moisir en prison pour ensuite terminer sur une place publique, la langue coincée entre les dents? Jamais de la vie!

*Croix de bois, croix de fer, je mens, je... ben... je suis déjà en enfer...*

Après quelques appels et quelques sanglots, notre cornu barde entendit la voix d'une jeune humanoïde. Dans un abyssal sans faille il pu comprendre :

-Hey ! Tu es nouveau ici ? Tu sais ça ne sert à rien de pleurer, le malheur va s'abattre sur nous, autant l'accepter. La déesse de la malchance ne pourra que t'aider dans ta douleur.

La jeune personne était dans la cage en diagonale de celle de Tristesire. S'étant relevé il pouvait la voir : une jeune Tiefflin avec des cornes en forme de ramures de renne. De beaux cheveux blanc et un air si triste ! Tout en cette petite personne sentait la résignation, pas étonnant qu'il ne l'ai pas remarquée plus tôt.


HRP
pour en savoir plus sur cette belle et mystérieuse inconnue

A la vue de la jeune tieffeline, Tristesir se rapprocha des barreaux. Il s'agrippa à ceux ci et plissa les yeux pour mieux distinguer son visage. Quelles superbe ramures! Une part de lui, lui enviait ses magnifiques cornes qui couronnait sa délicate figure. Les paroles qu'elle prononça passèrent par une oreille pour sortir par l'autre. Son esprit ne pouvait accepter un tel pessimisme désormais. Même si ce pessimisme s'avérait être plus du réalisme qu'autre chose. Par expérience, Ereb savait que baisser les bras dans un pareil moment, c'était signer son arrêt de mort. Et ça, il n'était pas prêt de l'accepter! Pas encore du moins...

-Comment ça, "le malheur va s'abattre sur nous"? Qu'est ce qui nous attend, tu le sais? Oh et puis non je veux pas le savoir! Dans tout les cas je sais très bien que ça ne me plaira pas. On doit s'enfuir! Et vite... Tu connais quelque chose de cet endroit?

Au moment même où il a reconnu l'une des siennes dans la cage, Ereb savait qu'il ne s'enfuirait pas seul. Sa congénère dégageait quelque chose de particulier. Ses ramures de Rennes et sa peau de cendre l'intriguait et il se demandait d'où elle pouvait bien venir. Dans tout les cas, il trouva un peu d'espoir dans cette découverte. Il ne s'attendait pas à trouver un sœur de misère ici.

*Je suis sûr que c'est Mystra qui me l'a mise sur mon passage. C'est un signe! Un espoir!*

-Comment tu t'appelles? Moi, c'est Tristesir. Je suis sûr qu'à deux, nous pourrons trouver une solution pour s'en sortir.

Il lui adressa un doux sourire tordu par la douleur qu'il ressentait entre les côtes et l'affreuse migraine qui lui martelait le crâne. Il passa sa main à l'endroit où une corne lui manquait, comme si toucher la douleur résoudrait quelque chose à sa souffrance. Il se dit qu'il devait bien être affreux sans son voile, la tête nue, son unique corne de bouc exposé à la vue de tous. Au fond, heureusement qu'il était tombé sur une autre tieffeline! Cela le rassurait un peu. Il laissa doucement sa tête reposer contre les barreaux de fer froid, dans l'attente d'une réponse.

La jeune Tiefflin répondit d'un ton laconique :

-On m'appel Desesperine, ou Désespoir, ou comme vous voulez, peu m'importe ...

Puis tout en gardant ce ton de voix pas vraiment triste, mais surement pas optimiste elle enchaina :

-Nous sommes prisonniers d'une sorte de magicien fou qui fait des expériences sur les Tiefflin, les deux derniers qui été là ne sont jamais revenus. je les ai entendu hurler de douleur toute la nuit. je ne sais pas ce qu'il leur fait mais ça a l'air extrêmement douloureux. Et long ... le dernier ça a duré deux jours entier, entre grognements de bête, supplique pour mourir et des tas de choses horribles. je me demande s'il ne fricotterai pas avec des démons ou autre créature abyssal avec qui il essaie de négocier quelque chose ...

D'un ton blasé elle ajouta :

-La prochaine c'est moi, c'est ainsi, de toute façon a quoi bon lutter ... Mon destin est de souffrir alors autan l'accepter, la pucelle de l'infortune me récompensera si je ne fais rien contre le malheur qui va s'abattre sur moi ...

Malgré ce discourt qui semblait prôner l'acceptation, notre barde mono-corne décela une certaine anxiété dans la voix de la jeune tiefflin.

Mais pas le temps de trop se lamenter car la grosse porte en fer, seul issu de cette pièce, venait de faire entendre l'imposant cliquetis métallique de sa serrure. Désespoir soupira :

-Et bien voilà, le gros garde va venir me chercher, c'est mon tour, contente de t'avoir cornu, heu pardon connu

Un infime sourire avait traversé le visage de cette frêle humanoïde, une sorte d'ombre de cynisme dans un océan de tristesse. La porte s'ouvrait, un gros semi-orc bossu entrait. il était vêtu d'une armure de cuir, portait une pique à la main droite, une épée courte et un fouet à la ceinture. trainant des pieds et sans même regarder en l'air il semblait vouloir se diriger vers les mécanismes à chaine qui pouvaient faire monter et descendre les cages.

Quand elle évoqua le sort qui les attendait, Ereb sentit sa gorge sèche le picoter. Un drôle de frisson lui parcouru l'échine et ses jambes le démangeaient, comme si son corps lui hurler de fuir.

*Comment ça un magicien... fou? Comment ça... des expériences... mais c'est pas vrai... c'est un cauchemar...*

Fébrile et tremblant, Tristesir se sentit perdre pied. Evidemment, des récits atroces de pauvres tieffelins malmenés et torturés à cause de leurs origines infernales lui étaient déjà parvenu aux oreilles. C'est même pour cette raison précise que le jeune barbe n'a connu que la taverne de sa mère : pour éviter ce genre de mésaventures. En prenant la décision de voyager jusqu'à l'île de Gemmaline, Ereb s'attendait à de la méfiance certes, mais tout de même à un environnement moins hostile à sa condition... A ses yeux, l'île de Gemmaline portait le flambeau d'une trêve de la sempiternelles rancœurs entre les races. Alors pourquoi?

*Pour avoir voler un peigne on... Mon dieu que suis-je bête! Evidemment qu'on ne laissera pas un tieffelin croupir en prison! Ce serait un sort bien trop bon à leur yeux pour des gens de notre espèce ! Mon dieu, ils m'ont vendus à un tortionnaire! Mais qu'est ce qu'il m'a prit d'accepter une telle mission? Mille pièces d'or pour finir en morceaux avec des jours de tortures et de souffrance?! Mais quel crétin! Quel cornu corniot!*

Paniqué à l'idée de subir le même sort que ses congénères, Ereb fixa son attention sur le semi-orc, observant chacun de ses gestes. C'était l'occasion rêvée... S'il ouvre la cage, hors de question pour Ereb de rater son opportunité! Cette fois, il oubliera la technique du chat écrasé. Il hésite même à abandonner sa pauvre camarade de cellule tant la perceptive d'atterrir entre les mains d'un boucher le terrifie. Il se prépare : ses muscles se contractent et tout son corps entre en tension, prêt à bondir hors de sa cage et à courir comme jamais il n'a couru de sa vie.

Tristesir interpelle sa camarade :


-Psst Désespoir ! Tu dis que la déesse de l'infortune te récompensera d'accepter ton sort mais tu es sûre de vouloir laisser des démons te grignoter les entrailles? On a assez souffert comme ça, non? Enfermés comme des bêtes sauvages, sans eau ni nourriture! Pas besoin de plus pour moi! A deux on peut-être trouver une combine pour s'enfuir?

A ses mots, Tristesir inspecte scrupuleusement le mécanisme à chaînes ainsi que la cage. Où se situe l'ouverture? Est-ce un verrou qui scelle la sortie tant convoitée ? Est ce qu'il peut apercevoir de son poste, une ouverture sur l'extérieur? Sans arme, Ereb ne voit pas d'autre plan que de se carapater au moment opportun. Au fond, si la chance lui sourit et qu'il réussit à déguerpir, il ne compte pas vraiment attendre Désespoir. Après la douloureuse expérience avec De Jolie Coeur, il ne souhaite pas retomber sous l'emprise d'une mignonne demoiselle... Malgré sa mièvrerie et sa sensibilité,le jeune barde en herbe a bien retenu la leçon : les jolies filles, c'est dangereux! Enfin, elle lui inspire pitié quand même... Puis elle, elle est un peu comme lui. Cornue. Malchanceuse... Parviendra-il vraiment à l'abandonner au pire sans se retourner? Un tas de pensées tourillonnent dans son esprit confus.


-Aide moi à trouver quelque chose, on va trouver un moyen de s'en sortir, ensemble. Lance t'il comme pour se convaincre lui même qu'il ne peut pas abandonner une de ses congénères à un sort aussi cruel.

Désesperinne se contenta d'hausser les épaules et de répondre :

-Si la pucelle de l'Infortune souhaite que je souffre il en sera ainsi, espoirs et mièvreries ne font pas parti de mon monde. Et tu ferai bien d'en faire autan si tu veux qu'Elle abrège tes souffrances.

Ereb regardait les mécanismes, la serrure de sa cage était bien fermée et la porte en fer qui condamnait leur geôle semblait elle aussi bien dur à crocheter sans rien dans les poches.


Après quelques longues minutes, le semi-orc revient l'air bougon, :

-pfff, marre marre marre de me faire engueuler par le maitre ...

Il commence alors à escalader la chaine qui mène à la cage de Désesperine.

-Bon, je vais ouvrir ta cage et tu vas me suivre, essaie pas de te sauver hein ...

Le semi-orc montait péniblement, évidemment Ereb avait remarqué le trousseau de clé à sa ceinture. de son coté Désesperinne attendait dans sa cage sans aucune réaction. Il semblait évident qu'en balançant un peu sa cage sur sa chaine, notre héros mono-corne pouvait atteindre le geôlier en ascension. Mais c'était risquer ses foudres ...

Par tous les dieux! Quelle aubaine! Un miracle, un vrai! Le cœur palpitant, Ereb entreprit la descente de la chaîne. Il se laissa tomber sur le sol, soufflant un fin nuage de poussière sous son poids. Puis il couru jusqu'au corps gisant du semi-orc pour l'alléger de sa ceinture, de son fouet et de son épée courte. Tristesir enfila la ceinture et l'ajusta à sa frêle carrure en nouant le cuir. Il rangea l'épée à sa ceinture et saisit le fouet. Il tâtonna également ses poches à l'affut d'une pièce ou deux. Il tremblait de peur et d'excitation. Ses paupières battaient furieusement l'air et ses yeux balançaient des coup d'œil nerveux dans toutes les directions. Il trépignait d'impatience de retrouver la lumière du jour, de fouler l'herbe, le sable ou la terre et ne plus sentir l'insupportable froideur de la pierre et du fer sous ses pieds nus. Il jeta un coup d'œil derrière son épaule, prêt à foncer jusqu'à la première ouverture en vue. Et puis... Et puis son cerveau ressassa à nouveaux des idées dangereusement mièvres. Il détourna le regard pour observer l'impassible Tieffeline. Froide comme la pierre, le regard placide et pas l'ombre d'une chaleur dans son regard. Rien que la profonde résignation d'un être qui refuse de croire en autre chose que des destins tordus. Pourquoi fallait t'il que son esprit flanche maintenant? L'occasion était trop bonne. Elle était même parfaite. Trop parfaite pour fuir lâchement et abandonner l'une des siens. Il fit un premier pas vers elle, hésitant. Des signaux d'alerte fusèrent dans son esprit agité.  Un fit un deuxième pas. Il serra les dents de frustration, indécis. Une petite voix lui suppliait de déguerpir avant de commettre l'irréparable. Cette voix, on pourrait l'appeler son bon sens ou sa raison. Ou peut-être s'agissait t'il des paroles que lui soufflerait probablement sa pauvre mère si elle le voyait.

*Va t'en. Fuis. Cours! Ne te retourne pas et oublie la. Tu ne la connais même pas mille furies! Tieffeline et alors? Quand on a le sang maudit et qu'on porte la trace de son héritage infernal sur le visage, il faut être fort. Si tu veux survivre, cours jusqu'à en perdre l'haleine. Tu auras tout le temps de méditer sur tes remords une fois libre. *

La voix sonnait juste dans ses pensées. Mais Ereb a grandi avec le chant des ménestrels, qui racontaient les épopées fascinantes de courageux héros au cœur d'or. Et les braves aventuriers, dans les contes, ça dénichent des trésors, ça terrassent des monstres et... ça libèrent des princesses. Aussi pittoresque et cliché que soit cette vision niaise et idéalisée de l'héroïsme et de l'aventure, c'est cette vision a forgé les rêves de Tristesir. S'il a quitté sa taverne, c'était bien pour vivre ses propres histoires. Alors dans un élan de courage insensé (ou de sottise démesurée!) Ereb rangea le fouet à sa ceinture et entreprit, clé entre les dents, de grimper jusqu'à la cage de Désesperine. Sans un mot, le regard brûlant de détermination, il escalada la chaîne de métal. L'adrénaline continuait de palpiter dans tous les nerfs de son corps endolori. L'anxiété laissa place à la concentration la plus absolue. Il priait simplement qu'elle se taise. Il n'avait strictement aucune envie qu'elle ouvre la bouche pour lui miner le moral. Néanmoins, malgré la peur de commettre une monumentale erreur en prenant le temps de la libérer, un once de fierté gonfla sa poitrine d'orgueil. Tristesir écrivait sa propre légende. En espérant qu'il s'en sorte vivant pour la raconter au lieu d'emporter le secret de son héroïsme dans sa tombe... Arrivé au sommet, il s'appliqua à nouveau à déverrouiller la cage, désormais prêt à fuir avec elle.

Il grimaça quand elle acheva le garde. Bien sûr, l'idée lui avait traversé l'esprit également. Mais donner la mort à un ennemi inconscient ne le l'enchantait pas vraiment. Lorsque Désesperine murmura à voix basse, il resta silencieux, comme pour respecter un rituel dont il ne saisissait pas vraiment les tenants et aboutissants. Il ne répondit pas non plus lorsqu'elle mentionna la Dame de l'Infortune. Une sensation désagréable lui chatouillait le ventre en écoutant sa camarade. Il commença à douter de la véritable nature de sa nouvelle connaissance. Mais il chassa rapidement ces pensées de son esprit pour se concentrer sur son évasion.


"Et je suis bien d'accord pour piller ce donjon et faire payer à ses propriétaires leurs méfaits!"

Lorsqu'il discerna une pointe d'humour maladroit dans son expression, le visage d'Ereb se déforma en un rictus nerveux. Il eut un léger rire, crispé, mais poli, pour ne pas la froisser ou décourager sa tentative de sociabilisation. Néanmoins, il détourna vite le regard et ne put retenir un froncement de sourcil soucieux. Quelle genre de fille avait t'il libéré? Ereb commença a se demander si ce n'était pas lui la princesse en détresse dans ce scénario... Le pillage et le massacre des résidents du donjon n'étaient pas au programme! Ne pensait-elle pas que leur priorité devrait être leur survie et liberté? Il préféra cependant ne pas protester à cette proposition, redoutant de s'attirer l'hostilité de Désesperine. Et puis, pour trouver cette fichue sortie, il lui faudrait bien explorer les lieux. Si au passage, il pouvait mettre la main sur de précieux artfacts ... Voir quelques richesses... Ooh, cette idée lui redonna un peu de baume au cœur. Il s'imaginait déjà sortir du donjon les poches remplis d'or et de bricoles magiques. La vue des quatres cadavres pendus par les pieds le ramena sur terre.


-Euh, t'as raison, allons vers la gauche....

Il rebroussa chemin vers le couloir vers lequel sa compagne de route flairait de la magie. C'est bien dans ces moments que la nature influençable d'Ereb lui jouait des tours. Une personne sensée se dirait : si ça sent la magie noir et dangereuse, ce n'est pas être pas le meilleur chemin à prendre pour garder toute sa tête! Mais Tristesir ne pensait à cela. Dans la précipitation, il écouta les conseils de Désesperine, plongeant tête baissée vers le danger. Quoiqu'il jeta quand même un coup d'oeil curieux vers le couloir de droite.

-Dis... Tu es sûre qu'on trouva la sortie par là? Je veux dire, on a faillit subir je ne sais combien d'heures ou de jours de torture et terminer pendus comme des jambons... Pas que je cracherai sur de belles choses à voler, mais entre la richesse et ma vie, j'ai appris très récemment à mes dépends je ferai mieux de choisir plus souvent ma propre sécurité...

Alors qu'elle s'éloignait de lui, l'écho de ses pas laissa place à un silence angoissant. Ereb déglutit, anxieux. Le couloir de droite pourrait s'avérer moins dangereux mais souhaitait-il réellement s'aventurer seul dans le donjon?

-Euh... Attends moi! Murmura t'il finalement, en se hâtant de la rejoindre

Il rangea sa dague et maintenait désormais la pique du semi-orc contre lui. Chaque pas le rapprochait un peu plus du potentiel danger. Et chaque pas provoquait en lui une excitation palpable. Il ne prononça pas un mot de plus, de peur de faire perdre patience à Désesperine. Un monde les séparait déjà, nul besoin de creuser leur différence en l'harassant de questions, dont les réponses frôlaient à chaque le spectre de la dépression! Il longea les murs, tâchant de marcher le plus silencieusement possible, cherchant à se fondre dans l'ombre.

-On fait une fine équipe à nous deux, n'est ce pas ? Lança joyeusement Ereb, reprenant son souffle, prenant appui sur ses genoux.

Dez pouvait voir le front de Tristesir suer à grosse gouttes. Était-ce l'effort du combat ou bien le stress? Il essuya d'un revers de poignet son front luisant puis regarda dans la direction des peaux, puis des armures. Les peaux ne lui inspiraient que très peu confiance. De sa position, il ne distinguait rien de bien rassurant! Et loin de lui était l'envie d'y toucher ou juste s'en approcher. Quand aux armures... Il s'avança, curieux mais méfiant. Peut-être trouverait t'il chaussure à son pied? Un belle armure légère, qu'il pourrait enfiler pour ne pas continuer son exploration à demi nu? Car rappelons, notre pauvre barde n'avait pas grand chose pour cacher sa silhouette de gringalet !