Nouvelle aventure

Dez et Ereb étaient allé à la "Wyvern Scintillante", la grande taverne du port, c'était lumineux, gavé de monde et un endroit où on risquait pas de mauvais coups si on n'en cherchait pas. Chacun pu prendre une boisson et un bon repas. la chaleur, le bruit, l'odeur de fête contrastait avec tout ce qu'ils venaient de vivre.

Dez, semblait un peu absente, et ne semblait s'intéresser à rien ni personne. Elle était plongée dans un des livres qu'elle avait ramené de chez le nécromancien, dévorant plus ses pages que son repas. Elle fini par lever son petit minois, et s'approchant de son compagnon d'aventure elle murmura :

-Je viens de trouver la carte d'un lieu incroyable dans ce livre, je vais y aller, tu viens avec moi ?

Bon, même si elle faisait mine de rester sans affect, le bard pouvait lire dans les grands yeux de la belle qu'elle s'attendait à un "oui" sans conditions.

Ereb qui était plus ouvert avait regardé un peu les différents clients, il y avait un peu de tous, des gnomes, des nains, des humains, des kobolds, des elfes, et même des semi-drow ... C'était ça Gemmaline, une terre d'accueil pour les aventuriers de tous poils et de toutes origines. Tiens, en parlant de demi-drow il en reconnue une dans le fond, la belle Salomëe ...

-Je viens de trouver la carte d'un lieu incroyable dans ce livre, je vais y aller, tu viens avec moi?

Ereb releva son nez de la carcasse de volaille qu'il dévorait à pleines dents. Affamé, il rongeait goulument chair et peau, jusqu'à l'os. Il ne faisait pas de manières et avalait son repas à une vitesse folle. Il lançait des os aux Dretch, prenant soin de lui laisser certains avec encore un peu de chair. Peut-être Dez le jugeait t'il de veiller ainsi sur le fiélon, mais il s'en fichait. Il se sentait plus proche d'elle désormais, assez proche pour se montrer comme il est véritablement : dupe, manipulable et très prompt à prendre pitié ! Il arrosa son festin d'une carafe de lait qu'il descendit d'une traite avant de prendre le temps de répondre.

-Si tu m'invites à visiter une grotte de chauves-souris ou le repère d'un tortionnaire, non. Sinon...

Il s'arrêta un instant pour enlever un morceau d'os de poulet coincé entre les dents. Il souffla l'osselet et repris gaiement la conversation.

-Sinon je te suis! De toute façon... Je compte pas m'arrêter en si bon chemin.

Il tapota discrètement la bourse en cuir précieusement glissé dans un repli de sa cape, rangée proche de son cœur. La sentir ronflée d'or sous ses doigts l'emplissait d'une joie palpable. Mais il s'efforçait de cacher aux yeux des autres ce trésor. Il serrait le cordon le plus fort possible, afin d'éviter que les pièces ne tintent lorsqu'il se déplaçait. Tristesir se renfonça dans sa chaise et poussa un soupir de satisfaction. Le ventre tendu après s'être baffré, il s'étira difficilement et sorti son luth.

-Tu sais quoi Dez'? Notre rencontre mérite une chanson!

Il accorda son instrument, chatouilla les cordes et démarra un air joyeux.

Seul avec moi-même dans cette vie de malchance,
Seul avec moi même, mon luth et ma dague nue
Mon âme d'abord épouvantée t'avoir entrevu
Celle qui de la Mort triomphait sans aucune espérance !

En moi, un sursaut d'idées nouvelles et étranges
Comprendre le sens de tes croyances tordues ,
De tes lèvres j'ai bu le sortilège, je l'ai ingéré cru
Dans mon flot de pensée ta voix se mélange.

La vie et la bonne fortune, si hostiles, ô grief !
La malchance et l'infortune est notre unique fief

Toi si belle à travers les désastres obscurs,
Grâce à toi j'entends désormais Son murmure
Grâce à toi, Ses noirs vols épars sur mon futur
Je les accepte, eux, Elle et Sa cruelle dictature

Sa voix se noya dans un soupir suspendu, comme si la chanson n'était pas réellement terminée. Il ferma les yeux, et respectant sa promesse, chuchota tout bas, à mi voix, des mots que seule Desespoir pu entendre.

La malchance tournera
Je suis à toi, Beshaba

Il eut peu de temps pour songer à l'impact de sa rencontre avec Dez et du nouveau tournant que prenait sa vie. La vision traits durs et parfaits Salomëe réveillèrent des souvenirs confus et douloureux en lui. Il fronça les sourcils et rangea le luth dans son dos. Il s'excusa auprès de Dez et se fraya un chemin à travers la foule. Lorsqu'il arriva assez proche d'elle, il fit un légère révérence crispée.

-Salut... Je suis désolée pour ton peigne. J'ai eu un ... soucis.

Il se gratta la tête, un peu gêné de se remémorer les douloureuses étapes qui l'ont conduit à rencontrer Dez.

-Tu sais quoi Dez'? Notre rencontre mérite une chanson!

Dez qui n'avait presque rien mangée, avait écoutée la chanson avec attention. Plus les paroles allaient et plus ses yeux s'élargissaient, devenaient intenses, Ereb cru même y voir briller une étoile verte ! Et quand arriva la conclusion la jeune Tiefflin ferma les yeux et sourit de toute son âme, mon dieu qu'elle était belle !!! A s'en crever les yeux comme le disait la chanson d'un autre barde en un autre temps.

Silencieuse elle, ne bougeât pas le moindre cil quand l'albinos Tiefflin alla retrouver la semi-drow nommée Salomëe. Cette dernière paru surprise et mis un petit temps à se rappeler du barde et du peigne dont il lui parlait. Puis avec un rire un brin hautain elle lui demanda :

-Alors, il est où ce peigne ?

De son coté, le petit dretch avait pris la forme d'un petit singe et restait sagement sur l'épaule de son maitre, s'accrochant à sa corne comme un pirate au mât de son navire.

-Comme je l'ai dis, j'ai eu un soucis. Maugréa t'il, le regard sombre. Il ressemblait à un enfant qu'on venait de gronder injustement.

Il souleva ses manches, dévoilant ses maigres bras imprimés de bleus violacés. Les teintes vertes et jaunâtre témoignaient de la violence de ce récent passage à tabac par le garde de De jolie coeur. Il remit ses manches en place et s'agrippa nerveusement à la lanière de son luth.

-J'ai fait de mon mieux. Mais je n'ai pas eu de ... chance. Ce mot sorti difficilement de sa gorge. Je ne pense pas pouvoir l'approcher à nouveau sans me faire tabasser ou jeter au cachot. Ou pire. Je suis désolé...

La semi-drow déshabilla le barde du regard, le sourire narquois elle lui dit en levant le menton et allongeant ses longues jambes :

-pfff, ça ne m'étonne pas, tu n'a pas l'air d'un héros ...

Elle sirota tranquillement son gobelet, puis finie par dire :

-Et tu veux quoi là ?

Il y avait quelque chose d'un peu agressif dans la voix, et en même temps une sorte de curiosité, comme si elle se demandait déjà dans quelle genre de plan elle pourrait le fourrer à nouveau.

Autour la taverne était pleine et personne ne faisait attention à eux, pas mal de gens buvaient et buvaient encore. Desesperine était hors de vue d'Ereb, que pouvait elle bien faire ? Etait elle encore là ? Sa beauté avait elle inspiré un ou deux galant à lui offrir un verre ?

Le Quasit restait sur l'épaule de son maître, très attentif à ce qui pouvait se passer, qui sait, c'était peut-être le moment d'entrer au service d'une personne qui avait l'air plus puissante ?

-pfff, ça ne m'étonne pas, tu n'a pas l'air d'un héros ... Et tu veux quoi là?

Aie. Le tieffelin resta coi face à tant de dédain et d'indifférence. Il s'apprêtait à faire demi tour et revenir auprès de Dez la queue entre les jambes mais il sentit un je ne sais quoi le retenir. Il observa curieusement la demi-drow, comme si la contemplait sous un nouveau jour. Ou plutôt, il l'observait avec un nouveau regard, un regard plus lucide mais aussi plus sinistre qu'auparavant. Tristesir n'avait pas perdu sa naïveté, mais celle-ci fut émoussée par ses récentes mésaventures. A force d'entendre les paroles sèches et mordantes de Dez son moral et sa patience ratissaient les pâquerettes. Il lâcha soudainement un claquement de langue méprisant envers la demi-drow.

-Pas l'air d'un héro? Tu sais quoi? T'as raison. J'ai pas l'habit, j'ai pas la tête des héros des légendes. Mais je suis un barde. Au final, c'est moi qui écrit l'histoire.

Ses yeux brillèrent d'un éclat joueur alors qu'il bondit sur une table et s'exclama à l'attention de la foule.

-Mesdames messieurs! Laissez moi vous contez le vol extraordinaire du peigne argenté!

ll prit son luth et joua un air vif et entraînant

Savez-vous qu'à la belle Salomëe,
Son tout précieux peigne adoré
O désastre! On le lui a volé

Un brin déconcerté, triste et émue
Elle m'implora, moi, simple cornu
De retrouver le peigne perdu

Elle me dit que de Jolie Coeur
L'avait confisqué en sa demeure
Et me supplia de jouer les bienfaiteurs

Chère audience adorée,
Ouvrez grand vos oreilles
Laissez moi vous conter
Une aventure sans pareille!

S'en suivit un récit chanté narrant les rocambolesques aventures de Tristesir dans sa quête du peigne de De Jolie coeur. Le barde chantait ses mésaventures et ses échecs avec humour, mais narrait ses réussites avec grandeur et excès. Il embellissait son récit et son image, omettant les détails embarrassants qui lui provoqueraient trop de honte pour peu de rires. Au début plutôt fidèle à la réalité, la fin prit une tournure différente. Modifiant le court de l'histoire, il chanta une épique esquive du poing ravageur du garde de De Jolie coeur, ainsi qu'une course poursuite effrénée à travers la foule. Alors qu'il grattait furieusement les cordes de son luth, concentré à maintenir le suspence et l'attention de l'audience, il sentit une bouffée d'euphorie le saisir jusque dans la chair. Que c'était amusant! Il changeait le court du temps, de l'histoire, il donnait à sa vie une autre saveur à travers cette chanson qu'il vivait à chaque mot, à chaque note. Il improvisa une fuite spectaculaire, lui sautant dans la mer pour échapper au garde, ressortant transi de froid mais victorieux, peigne en main. Puis, sur un ton plus doux, il termina sur ses retrouvailles avec Salomëe. Et à ce moment, là, après cette représentation enflammée, il déclara haut et fort, à tous les clients de la taverne :

-Et vous savez-quoi?! ELLE NE M'A MÊME PAS PAYÉ POUR TOUT CA! Alors que j'ai risqué ma vie pour elle, je n'ai jamais vu la couleur de l'or qu'elle m'a promit ! J'ai tenté l'impossible pour elle et voilà qu'elle refuse mon salaire! Aventuriers, n'est-ce pas injuste d'être exploité ainsi? Je réclame mon dû!

Peut-être que le vilain Quasit assit sur son épaule influençait ses pensées. Peut-être que la cruelle Dez avait déteint sur lui, l'incitant à arracher de force ce que la vie a à offrir mais refuse de lui donner. Ou peut-être cette supercherie n'était-elle que le symptôme d'un ras le bol profond du jeune barde. Dans tous les cas, Ereb se découvrit une nouvelle passion aujourd'hui : Chanter des aventures truquées. Il jeta un œil nerveux à la salle, dans l'espoir d'une indignation générale. Car malgré son goût du chant et de la musique, aucune passion ne pourrait surpasser son appétit d'or!

DrGr a écrit:: Représentation Ereb 4(d20)+10 = bof

Bien qu'enflammé par ses dernières aventures, notre bard mono-corne ne réussis que moyennement à capter son auditoire. Pas mal d'aventuriers étaient trop saoul pour écouter les paroles, et ceux qui pouvaient prêter attention à l'histoire ne firent qu'en rire, comme s'il était tout naturel que la célèbre Salomëe ne règle pas ses dettes. Cette dernière n'avait rien dit pendant la chanson, mais avait tout de même reconnu l'audace et le talent du barde.

Pas si mauvaise joueuse que ça, elle se leva et donna cent pièces d'or à Ereb. Un petit sourire en coin lui fit comprendre qu'elle garderai son nom et ses compétences dans un coin de sa tête "au cas où", quand on était une grande arnaqueuse, il fallait savoir s'entourer et ne pas avoir que des ennemis. Sans chercher ni à en dire plus ni à en entendre plus, elle ramassa sa cape et pris la sortie. Si Ereb voulait encore lui parler, il faudrait lui courir après sur le trottoir.

Le Quasit au nom implicite avait disparu pendant la chanson, et quelques nains bien avinés commençaient à brailler "une autre ! une autre !!!" Était-ce le début de la renommée pour notre jeune musicien Tiefflin ?

Jouant avec une pièce d'or qu'il faisait danser entre ses doigts, le jeune barde afficha un sourire chaleureux aux aimables nains beurrés.

-Bientôt messieurs! Bientôt! Je reviens très vite pour vous! Lança t'il gaiement, ravi de suscita un tel enthousiasme.

Il se faufila ensuite dans la foule, à la recherche du Quasit. Ce coup de poker aurait pu très mal tourner. Mais l'écu scintillant entre ses doigts agiles et cupides annonçait un nouveau virage dans la vie du jeune barde. Ce n'était pas joli de mentir ainsi. Et pourtant... Et pourtant, ce n'est qu'en montrant les crocs pour la première fois, qu'Ereb s'était fait respecté. D'ordinaire, il jouait les planqués et cédait facilement à la lâcheté. Mais il apprenait au fil des jours, que sortir ses griffes au bon moment pouvait l'amener à des opportunités intéressantes. Il priait simplement qu'il parvienne à l'avenir, à bien calculer les bénéfices risques avant les prochaine marques d'audaces.

Après un rapide tour de la Wyverne Scintillante, il grimpa sur une table, à l'affut du Quasit ou de Dez. Sa queue de diablotin battait l'air avec impatience, soulevant des nuages de poussières autour de lui.

Point de Dez ou de Quasit à l'horizon? Bon, tant pis, tant qu'à être perché, autant chanter!

-Laaaaa ! S'exclama Tristesir d'un grattement mélodieux de Luth, se hissant haut sur la pointe des pieds.

Il s'échauffa la voix, bondit de tabourets en tables pour se rapprocher de son auditoire nain.

-Alors messieurs? Prêt pour ma tournée? En avant!

Nain qui roule n'amasse pas mousse
Alors buvez jusqu'à la dernière goutte
Et écoutez ma verbale joute
Qui vous f'ra pâlir vos barbes rousses

Savez vous, oh désespoir, que j'ai perdu
Mon pauvre petit Quasit tordu
Il ressemble à tout, il ressemble à rien
Mais malgré ça, ce fiélon, j'laime bien!

Mais que ferai-je, me direz vous?
D'un Quasit perfide au garde au vous?
Eh ben j'ai sais rien mes amis nain!
P'têtre même que j'en ferai rien!

Ainsi continua une longue série de chansons sans queue ni tête, qu'il braillait joyeusement dans toute la taverne. Il chantait ce qui lui passait par l'esprit, l'air rieur, prêt à rebondir sur les réactions de son auditoire ou à encourager les improvisations. Parfois, il laissait un nain chanter à sa place, imaginer la suite des paroles. Et même s'il obtenait qu'un gargouillis confus ou un bredouillement inaudible, il s'assurait de garder un enthousiasme à toute épreuve. Il affichait un sourire radieux, malicieux, amical à toutes les têtes qui se tournaient vers lui. Même les gueules cassées, les mal lunés, les beurrés jusqu'à l'os recevait toute l'attention et la joie du jeune barde. A force de solliciter son imagination et ses talents compositeur, il se trouvait un peu en panne d'inspiration. Mais il se reposait sur ses talents au luth, sa jolie voix et son don pour captiver son audience. Parfois, son public pouvait sentir son souffle s'amenuir à force de valser d'un pied sur l'autre, mais il ne perdait jamais ni le rythme ni le fil. Rares sont les fois où il eut un tel auditoire, Ereb était plus habitué à chanter seul dans sa piaule à l'Auberge des rats que devant les clients de sa mère. Ici, à Gemmaline, beaucoup semblaient s'en ficher de voir le bout d'une corne sur un front blanc. Ni même une queue rose qui balayait la poussière sous un manteaux crasseux. Personne ne semblait s'étonner de son sourire carnassier ou de ses oreilles taillés en petites pointes. Aujourd'hui, à la Wyverne Scintillante, il n'était pas Tieffelin. Il était barde avant tout. Et ne pas sentir le poids de son identité infernale l'espace d'un instant, l'emplissait d'une joie communicative.

DrGr a écrit:: test représentation 14(d20)+10(bonus perso)+2(bonus chanson) = 26 : super !

Grâce à son talent et sa joie de vivre notre barde pu attirer l'attention des nains beurrés et de pas mal de client. La soirée se prolongea donc dans la joie et la bonne humeur pour le plus grand plaisir de tous. Y compris du patron qui pour une fois n'avait pas à gérer la fin de soirée en mettant tout le monde dehors à coup de menace.

Aussi une fois la taverne vidé de ses occupants, le tavernier vint saluer Ereb et lui proposa une chambre pour la nuit. Au même moment revenait Desesperine et Implicite le Quasit, la belle Tiefflin semblait perdue dans ses pensée ... Sur le trottoir devant le débit de boisson un homme avait glissé et s'était ouvert le crâne, pas de chance ... Serait-ce lui qui avait voulu s'approcher d'un peu trop près de l'élue de la pucelle de l'infortune ?

Bon prince, le patron du lieu, un grand gaillard au large sourire et aux bonnes ondes, accepta qu'Ereb puisse partager la chambre avec ses compagnons d'aventure. le petit dèj serait offert !
La soirée tirait à sa fin, et il est vrai qu'entre l'aventure dans le sous-sol du nécromancien et ce concert improvisé, Monsieur TristeSir avait un sacré coup de barre !

Ereb s'endormit lové dans un coin de lit, soigneusement enroulé autour de son précieux butin. Le contact dur et froid des pierres précieuses et de l'or l'emplissait d'une profonde satisfaction. Au milieu de la nuit, il s'extirpa discrètement de la tiédeur des draps pour compter silencieusement son butin. Une fois les comptes terminés et la somme soigneusement mémorisée, il retourna au lit. Cette nuit, pour la première fois, il rêva. Il rêva de montagnes d'or, de perles, de trésors et bijoux. Et au delà de cette mer dorée, à l'horizon, défilait une curieuse silhouette bleutée. Une silhouette qui ne laissait derrière elle que des sillons d'or noir et des carcasses de trésors brûlés.

Desesperine s'était endormie à l'autre bout du lit, pelotonnée dans le coin opposé à celui de son compagnon d'aventure, elle s'était presque instantanément volatilisée vers le pays des songes. La couche étant faite pour les plus grandes tailles, nos deux Tiefflins avaient largement la place de rêver tout à leur aise. Lorsqu'au milieu de la nuit Ereb s'était réveillé pour compter son trésor, il avait pu contempler sa belle aux bois dormants, bois de rennes bien évidemment.

Le lendemain ils s'étaient levés tard, le soleil était déjà haut et on entendait par la fenêtre tous les bruits de la ville de Gemmaline qui s'agitait manifestement depuis un bon moment. Desesperine se leva et resta devant la fenêtre à contempler ce qui se passait derrière la vitre. S'en prévenir, comme perdue dans ses pensée elle se mit à chantonner :

Tintamarre du port,
Pas de chance pour mon malheur.
Je suis heureuse.

Puis en s'habillant elle commença à expliquer à Ereb :

-Tu vois ce livre

Elle désigna un des ouvrages récupérés chez le nécromancien.

-Il parle d'une très ancienne chapelle dédiée à Beshaba, ma divinité pour le pire et le meilleur. Nous allons y aller et rétablir le culte, si on a de la chance ...

Elle eut un drôle de sourire forcé à l'attention du barde :

-Si on a de la chance on trouvera des artefacts très puissant !

Dez se rapprocha d'Ereb et passa doucement sa main le long de sa corne avant de murmurer à son oreille :

-Ou peut-être trouvera t'on une douleur rédemptrice qui nous rapprochera de notre déesse adorée ?

Puis comme pour jouer elle lui appuya sur le nez du bout de son index et finie par dire avant de sortir :

-D'ailleurs je dois te tatouer, on fera ça là bas, ça aura plus de pouvoir !

Enroulant son fouet à sa ceinture, et sans attendre de réponse, elle prit l'escalier pour descendre.

***

Dans la salle du bas il y avait déjà un peu de monde, des aventuriers venaient chercher du boulot, des pêcheurs étaient déjà rentrés ou pas encore partis, le patron sifflotait derrière son comptoir. Voyant les deux cornus arrivés il lança gaiement :

-Alors les artistes ! Bien dormis ?

Puis il leur servi un bon petit déjeuné. Dez' mangea en silence, regardant le monde de ses grands yeux verts. Une serveuse reversa un plateau au fond de la salle, pas de chance ...
Une fois repus, nos deux aventuriers et leur petit familier purent prendre la route de l'Aventure, avec un grand A s'il vous plait.

Traverser la ville fût un réel plaisir, il toujours plus agréable de découvrir des lieux à deux, voir deux et demi. Chacun pu faire ses emplètes avant de se retrouver à la porte donnant sur le chemin vers la forêt.

Pas mal de monde empruntait cette route, des paysans allant ou venant vers les fermes, des chariots, des soldats, encore des aventuriers (décidemment il y en a vraiment partout sur cette île !), aussi les premiers kilomètres furent assez vite passés.

L'élue de Beshaba consultait régulièrement son livre comme pour vérifier le chemin, ou peut-être autre chose ?

***

La journée de marche avait été assez longue, et à présent nos deux explorateurs étaient seuls dans les bois. La nuit tombait et le chemin se devinait plus qu'il n'existait vraiment. Ereb avait la désagréable impression d'être suivi et Desesperine n'arrêtait pas de faire des demis tour, quart de tour, tiers de tours dans tout les sens, y avait il un rituel sacré derrière toute ces vas et viens ou était elle tout simplement perdue ?

Au départ, Tristesir avançait la tête dans les nuages, contemplant le paysage et les lueurs changeantes du ciel. S'enfonçant dans la forêt, perdu dans les pensées, il méditait sur ce nouveau départ. Mettre son nez dans les affaires de Beshaba, du moins plus que nécessaire, ne le ravissait pas. Mais la pucelle de l'infortune avait tenu promesse. Sauvé du mauvais pétrin par la cruelle sœur de Tymora, revenu de l'enfer les bras chargés d'or, Ereb se sentait endetté jusqu'au cou envers Beshaba. L'énigmatique mais terriblement silencieuse Mystra s'effaçait peu à peu de son esprit, remplacée par une divinité qui elle au moins, semblait reconnaître l'existence du petit barde cornu. Parfois, Ereb se demandait si la déesse de l'infortune n'avait pas envoyé Dez pour l'attirer entre ses griffes. Il digérait mieux la cruauté de la vie lorsqu'il trouvait un sens à ses mésaventures. De cette manière, il se sentait reconnu, visible aux yeux des dieux. Sa vie avait du sens ainsi. Il avançait plus sereinement lorsqu'il attribuait sa malchance à des signes divins, des épreuves qui lui fallait triompher pour en sortir grandit et couvert de gloire. L'incertitude, l'inconnu, le futur ne le terrifiaient plus autant. La doctrine de Dez s'enlisait peu à peu en lui. Elle déformait sa vision du monde, chamboulait ses souvenirs confus de son enfance et adolescence assez médiocre. Enfin... Tout n'était pas à jeter dans son passé. Grandir près des ménestrels de passages forgea une grande partie de son identité. Il aimait se réveiller au son du luth, récurer le parquet graisseux de l'auberge des Rats en écoutant les récits formidables de braves inconnus mélomanes. Les corvées éreintantes et les sceaux lourds d'eau s'allégeaient lorsqu'il écoutait un barde compter ses dernières aventures en chatouillant son Oud ou sa lyre. Et sa mère adoptive, vénératrice dévouée de Tymora, prenait soin de son fils cornu. Il eut un léger pincement au cœur, à l'idée de lui avouer un jour ses nouvelles inclinaisons. Il pensa même que sa gaillarde de mère, franche et droite dans ses bottes, n'aimerait pas vraiment sa nouvelle compagne d'aventure. Lui-même percevait Désespoir comme un dangereux cadeau divin tombé du ciel. Un cadeau aussi joli qu'empoissonné. Il se méfiait d'elle autant qu'il l'admirait. Il souhaitait qu'un jour, il soit immunisé à son venin et qu'il soit capable de l'aimer tout entier. Pour l'instant, il se contentait de la suivre et l'accepter, elle et ses déviances.

Quand le ciel vira au pourpre glacé puis au bleu sombre, il commença d'ailleurs à remarquer l'étrange comportement de son amie et s'intrigua.

-Mais qu'est ce que tu as à tournicoter en rond?

Puis il jeta un regard suspicieux derrière son épaule. Il balaya du coin de l'œil l'obscurité, inquiet de sentir les ténèbres lui rendre son regard.

-Et puis... chuchota t'il doucement J'ai l'impression qu'on est pas tout seul, c'est pas trop le moment de tourner en rond ...

En prononçant ses mots, il rejeta d'un léger coup d'épaule le pan de sa cape en arrière. Sa main griffue glissa silencieusement jusqu'à sa dague à sa ceinture. Beshaba protège moi pensa t-il Et s'il m'arrivait malheur. Fait que j'en sorte vainqueur

DrGr a écrit:: Test détection Ereb 20(d20)-1 : Vu !

Depuis un moment le barde mono-corne se sentait observer, mais à chaque fois qu'il tournait la tête, il ne voyait rien, une sensation bien désagréable. Tout cela aurai pu durer encore un bon moment quand soudain, Ereb vit un champignon bouger ! Un champignon bouger ? Oui, Ereb vit un champignon bouger, et même fermer les yeux pour se cacher ! Car en effet quoi de plus discret qu'un champignon dans une forêt ?

Notre barde qui savait beaucoup de choses sur les mystères de ce monde se dit qu'il devait avoir à faire à des myconides, créatures mi-humanoïde mi-champignon. Réputé non agressive et plutôt craintive, il se demanda pourquoi il, ou elle, les suivait. Ne bougeant plus, ils devaient se sentir bien caché.

De son coté Dez s'était arrêtée et avait baissée les bras, en soufflant elle déclara :

-Bon ben on est perdu, j'suis trop nulle. De toute façon cette mission est trop dur, on ne trouvera jamais ce vieux temple. C'est bien trop difficile pour deux petits Tiefflins. A quoi bon chercher à gagner du pouvoir, j'ai été folle de croire en quelque chose ...

Puis dépité elle conclu pour elle même :

-je sais pas ce qui m'a pris de ...

Ereb retrouvait la petite prisonnière qu'il avait rencontré dans la cage du nécromancien. Chasser le naturel, il revient au galop.

Ereb posa sa main griffue sur l'épaule de Dez et la serra doucement en signe de consolation.

-Calme toi Dez, on va y arriver. La dame de l'infortune nous protège, aie confiance.

Il tapota en suite son dos et lui souri gentiment.

- Reste là je vais voir quelque chose. Quand je reviens on trouvera ce maudit temple. Et dans le pire des cas, on dormira à la belle étoile et on retentera notre chan... on retentera demain.

A ces mots, il jetait un oeil furtif à l'étrange créature, surveillant son comportement d'un air curieux. Enfin, il laissa un moment son amie, contournant un arbre pour passer derrière le champignon. Il s'accroupit discrètement, dans le silence de la forêt et sortit son luth avec tout autant de délicatesse.

Puis d'un pincement de corde, il éleva la voix.

Mon ami, à la jolie collerette
Et au beau chapeau élégant
Veux tu que je te compte fleurette
Pour me suivre d'un pas si pressant?

Le champignon se mit à parler d'une petite voix fluette, ce qui confirma bien à notre barde qu'il s'agissait d'un représentant du peuple myconide.

-Ha, heu, vous m'avez trouvé ?

Il semblait très surpris de s'être fait démasqué, il enchaina la tête un peu dans les épaules, une impression qu'eut Ereb, à moins que ce ne soit la stature naturel d'un petit homme champignon, ou peut-être une femme champignon, pas facile à distinguer :

-Heu, et ben, je vous regardais pour savoir si vous étiez des nouveaux sbires du grand Seigneur Grumpf-Grumpf. Enfin, je veux dire des serviteurs du grand Seigneur Grumpf-Grumpf., ou plutôt des soldats du grand Seigneur Grumpf-Grumpf.

La gêne était palpable, les mots "du grand Seigneur Grumpf-Grumpf." semblait lui coller au chapeau comme un morceau de pâte à brioche au bout des doigts :

-Enfin, voilà c'est pour savoir hein, notez que si vous êtes dans le camp du grand Seigneur Grumpf-Grumpf on est aussi avec lui hein, on lui obéit bien et tout et tout. on ne parle jamais de se révolter bien sûr. Et on est tous très content de le servir, il est vraiment formidable le grand Seigneur Grumpf-Grumpf.

En fine psychologue, Desesperine souffla à l'oreille du barde :

-Il n'a pas l'air bien à l'aise ... Pas sûr qu'il nous dise toute la vérité. On pourrait le torturer un peu pour en savoir plus non ? Si ça se trouve il sait où est le temple qu'on cherche ?

Le myconide n'avait rien entendu, heureusement. Il reprit de sa petite voix inquiète :

-Bon, ben je vais rentrer hein, il est tard et il me reste du travail à faire pour le compte du grand Seigneur Grumpf-Grumpf. Ha, heu, et si vous êtes de passage et que vous n'êtes pas du coté du grand Seigneur Grumpf-Grumpf, je veux dire que c'est pas votre meilleur ami, vous pouvez venir nous rencontrer, on a de très bonnes potions de voyage-détente au village.

Tout ce discourt était un peu confus, on y comprenait guère plus qu'on y voyait, vu que la nuit tombait pour de bon dans cette sombre forêt.

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